mardi 16 avril 2013

La drague de rue

Une femme qui avoue ne pas aimer se faire draguer est une menteuse et une hypocrite de surcroît. Qui peut prétendre ne pas apprécier les compliments gratuits lancés à la volée au détour d'une rue, du style : "vous êtes charmante", "jolie robe", "beau sourire" ? C'est agréable de se faire courtiser, c'est gratifiant et flatteur. Et cela, d'autant plus, lorsque notre interlocuteur est charmant, bien élevé, propre et intelligent.


Seulement voilà, il nous arrive, malheureusement, plus souvent de subir des approches de drague d'une grande banalité parfois même agressives, initiées par des lourdauds, aux physiques ingrats, à l'hygiène parfois suspecte et manquant cruellement de consistance. La plupart du temps, ceux-ci ne sont en plus pas très regardants, que nous ayons le physique de Barbie ou de Fiona l'ogresse de Shrek n'a que peu d'importance à leurs yeux. Ils sont avant tout friands de sexe féminin quel qu'il soit.

L'autre jour, dans la rue, en revenant de la piscine, j'ai malheureusement du essuyer les sollicitations de l'un d'entre eux. Comme la plupart de ses congénères en milieu urbain, mon dragueur était assez limité et ne s'est pas encombré d'un quelconque hommage plaisant à mon encontre. Il n'a d'ailleurs prononcé aucune parole et a préféré siffler sa proie. Encore qu'il ne m'ait pas vraiment sifflée mais plutôt tenté de m'appéter avec des "tsst, tsst", à plus de 10 mètres dans mon dos. Oui, c'est pire !

J'avais mis une culotte de grand-mère. Vous savez celles de couleur chair et pas chères, qui remontent sur les hanches, pas échancrées pour un sou et que l'on a achetée pour cocooner mais pas copuler...toujours est-il que pour revenir de la piscine c'était bien suffisant. Sans doute est-ce les grosses coutures de la culotte sous le fin legging qui l'ont excité car ses bruits de bouche se sont montrés de plus en plus insistants.

J'aurais pu me retourner et me contenter de lui adresser un sourire poli mais néanmoins dénué de chaleur en guise de remerciement pour cette manifestation d'intérêt ô combien touchante. Mais sans doute galvanisée par ma petite séance de nage palmée, je lui ai balancé "Vous me prenez pour un caniche !" Notez que je n'ai pourtant pas encore fait ma permanente (cf mes cheveux blancs) mais étrangement, dans la précipitation, c'est la seule race de chien qui m'est venue à l'esprit. Je tiens d'ailleurs à m'en excuser auprès de la gent canine. J'ai également pris sur moi pour éviter le tutoiement mesquin et ne pas terminer ma phrase par c....ard. Il n'était pas question d'ouvrir les hostilités.

Un peu surpris par mon audace, mon racoleur m'a répondu "La dame, elle est pas contente". La dame ?! Oui, c'est un fait, je suis une dame mais l'entendre dire ainsi en pleine phase de "dragouille" j'avoue que c'était assez déroutant. A croire que j'ai le postérieur encore jeune et frais et la face beaucoup moins. Et c'est ainsi que sans plus de discours, le don Juan de mes fesses a finalement passé son chemin.

Il est dommage que, la plupart du temps, nous soyons abordées ainsi, en pleine rue, comme de simples bouts de viande. La drague de rue devient un acte d'indélicatesse sociale et c'est bien triste. Car enfin, un dragueur de rue romantique, subtil et drôle, c'est si réjouissant...!


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